đđŹ Les mots du bord "La transat la plus difficile de toutes"
- Alexis LOTTON
- 25 nov. 2022
- 4 min de lecture
Alors quâil est le prochain attendu sur la ligne dâici une poignĂ©e dâheures, Martin Le Pape (Fondation Stargardt) revient sur sa 8e transatlantique et Ă©voque des conditions « extrĂȘmement Ă©prouvantes pour le bateau et lâhomme ». Kito de Pavant (HBF ReforestâAction), Axel Trehin (Project Rescue Ocean), Emmanuel Le Roch (Edenred), Alex Mehran (Polka Dot) et Ian Lipinski (CrĂ©dit Mutuel) sont attendus dans la soirĂ©e (heure de Guadeloupe). Dans leurs mots du bord, les skippers font tous part de leur hĂąte dâarriver, Ă lâinstar de Franz Bouvet (Yoda). Dâautres reviennent sur les petites galĂšres du moment : le bateau couchĂ© dâEmmanuel Le Roch (Edenred), le spi tombĂ© Ă lâeau de Marc Lepesqueux (Curium life forward) ou encore le coup de chaud de Maxime Cauwe (Wisper)âŠ

Martin Le Pape (Fondation Stargardt) : « la transat la plus difficile de toutes »
Ă quelques heures de son arrivĂ©e « Câest en voyant les lumiĂšres de la Guadeloupe de nuit quâon prend conscience de ce que lâon vient dâaccomplir. Une traversĂ©e de lâAtlantique en solitaire entre St Malo et la Guadeloupe. Banal pour un marin, pas si extrĂȘme que ça par rapport Ă un VendĂ©e Globe me diriez-vous ? Et pourtant cette transatlantique (8Ăšme pour moi) a Ă©tĂ© sans aucun doute la plus difficile de toutes. Les conditions mĂ©tĂ©os Ă©taient extrĂȘmement Ă©prouvantes pour le bateau et lâhomme. Lâenvironnement Ă©tait stressant et les pĂ©riodes de rĂ©pit toujours trop courtes. Il nây a quâaujourdâhui que jâai pu passer quelques minutes Ă lâavant du bateau sans ĂȘtre accrochĂ© et trempĂ©. Cela rĂ©sume lâambiance de cette transat. Le bateau a Ă©tĂ© chahutĂ©, mais le marin aussi. Je pense que jâai encore perdu quelques points de vie et gagnĂ© des cheveux blancs."
Emmanuel Le Roch (Edenred) : « ĂȘtre en forme pour le finish ! »« Oh la belle nuit ! Il y avait des grains forts, trĂšs forts partout, câĂ©tait du grand nâimporte quoiâŠ. Je me suis couchĂ© sur lâeau. Ma hantise, câest que le spi claque et quâil casse si prĂšs du but. Jâarrive Ă redresser et Ă rĂ©duire et lĂ , plus de vent ! Le grain dâaprĂšs Ă©tait sans vent. JâĂ©tais bien assurĂ© « ceinture et bretelles » avec 2 ris. Jâattends un peu, je me dis quâon nâest pas Ă lâabri dâune surprise et rien. Je renvoie les 2 ris, vide les ballasts, rééquilibre les poids.
JâĂ©tais fou, bloquĂ© sous ce grain sans vent qui nâen finissait pas ! Dans la tĂȘte Ă ce moment-lĂ , câest du grand nâimporte quoi aussi ! Je me fais des scĂ©narios oĂč les bateaux autours ne subissent pas ce fameux grainâŠ. Je vais me poser 30 minutes, jâĂ©tais cramĂ©. Et ensuite, le vent repart peu Ă peu et les bateaux autour sont toujours Ă distance respectable⊠Mais en tout cas, câest sĂ»r que je nâai rien gagnĂ©. CâĂ©tait lâavant-derniĂšre journĂ©e en mer. Au programme aujourdâhui : vitesse et dodo pour ĂȘtre en forme sur le finish ! »
Marc Lepesqueux (Curium life forward) : âjâĂ©tais fou de rage » La nuit ne sâest pas trop mal dĂ©roulĂ©e avec un ciel Ă©toilĂ© et pas de grain. Ouf ! Ce matin, beau soleil. Jâai dĂ©cidĂ© de renvoyer le spi A2, le tout grand, mĂȘme si le A4 eu Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable mais lui est en lambeaux dans son sac, sur la jupe arriĂšre du bateau. Cela se passait bien, le bateau glissait bien avec les 200 mÂČ du A2.
Je repĂšre au passage, au pied de mat, une piĂšce qui permet de fixer la bĂŽme sur le mĂąt, seule, sur le pont ! J'ai rĂ©parĂ© cela, pas facile, mais c'est une bonne chose de faite ! Il y a une heure environ, le spi A2 est tombĂ© complĂštement et rapidement Ă l'eau. C'est un "put....." de Constrictor qui a glissĂ© ! Le grand spi sous le bateau, j'Ă©tais fou de rage ! Il est bien endommagĂ© mĂȘme si lui, contrairement au A4, devrait, aprĂšs un bon passage en voilerie, voler au vent Ă nouveau.Je vais donc finir avec mon spi lourd A6, alors que le vent mollit. Cela va ĂȘtre une fin de course plus paisible. Je vais faire mon possible pour limiter les dĂ©gĂąts au classement mais Andrea Fornaro et CĂ©dric ChĂąteau vont ĂȘtre dur Ă tenir ou Ă reprendre. Clairement, jâai eu un manque de navigation en amont de la Route du Rhum sur ce beau nouveau bateau. L'objectif va ĂȘtre de prĂ©parer la suite ! »
Maxime Cawe (Wisper) : « pour vite repartir, il faut vite arriver ! » Tout va bien, forcĂ©ment avec moins de voile. Il y a moins cette histoire de choix cornĂ©lien de "quel spi je vais mettre ?". Il ne mâen reste qu'un seul et le grand donc j'alterne entre spi et code 0. Aujourd'hui je pense avoir frĂŽlĂ© le coup de chaud en renvoyant le spi justement, en plein soleil sans trop m'en rendre compte. J'Ă©tais KO et j'ai passĂ© l'aprĂšs-midi avec une casquette trempĂ©e sur le casque pour faire redescendre tout ça.
Sinon ça va. On approche de la barre des moins de 1 000 nm de l'arrivĂ©e donc ça c'est cool mĂȘme si c'est un vrai plaisir d'ĂȘtre comme ça dans les alizĂ©s au soleil ! J'ai hĂąte d'arriver forcĂ©ment mais je suis sĂ»r que cette vue Ă 360° sur la mer et ce ciel Ă©toilĂ© comme nulle part me manqueront immĂ©diatement. Comme on dit, pour vite repartir, il faut vite arriver !"
Franz Bouvet (Yoda) : « jâai hĂąte dâarriver ! »« La nuit derniĂšre a Ă©tĂ© agitĂ©e avec un spi dĂ©chirĂ© Ă rĂ©cupĂ©rer dans l'eau. Et lĂ , c'est reparti avec le grand spi. Je commence Ă avoir hĂąte d'arriver. Les bords de spi de plusieurs jours sont trĂšs longs. On n'en voit pas le bout. Pas grand-chose Ă signaler Ă part deux poissons volants Ă©chouĂ©s sur le pont et de plus en plus d'algues. Bonne journĂ©e ! »




















































